L’équilibre écologique est un sujet qui prend de l’ampleur chaque jour. Les espèces animales, principales actrices de cet équilibre, sont continuellement sous le feu des projecteurs, particulièrement celles classées comme « nuisibles ». Une liste est établie chaque année pour déterminer quelles espèces sont considérées comme telles, et cette année, une décision importante a été prise. Le putois, longtemps considéré comme un animal nuisible, a été retiré de cette liste. Cependant, neuf autres espèces restent sur cette liste, menacées par cette classification qui peut justifier leur destruction. Cet article se penchera sur ces espèces toujours considérées comme dangereuses pour l’écosystème, ainsi que sur le débat entourant cette classification.
Le putois épargné, mais neuf autres espèces restent menacées
Le putois, carnivore solitaire des bocages et des forêts, a été retiré de la liste des «espèces susceptibles d’occasionner des dégâts» (ESOD), autrefois qualifiées de nuisibles. Cependant, neuf autres espèces restent sur cette liste, presque identique à celle de 2019.
Selon cette récente mise à jour, la belette, la fouine, la martre, le renard, le corbeau freux, la pie bavarde, la corneille noire, le geai des chênes, et l’étourneau sansonnet peuvent toujours être piégés, déterrés ou détruits à tir, pendant une période allant de quelques mois à la totalité de l’année. Ces animaux seraient susceptibles de perturber les écosystèmes ou les activités agricoles. Le projet de révision de cette liste a fait l’objet d’une consultation publique en ligne, pendant laquelle 70% des participants se sont déclarés contre l’arrêté.
Ces oiseaux et mammifères font partie du groupe 2 des ESOD, signifiant que leurs destructions ne sont pas autorisées sur la totalité du territoire des départements. Le putois faisait partie de ce groupe jusqu’à récemment, mais suite à une décision du Conseil d’Etat en juillet 2021 jugeant que l’état de conservation de cette espèce était défavorable, il n’y apparaît plus.
Contestation des ONG et action juridique
Plusieurs ONG contestent la légitimité des arrêtés ESOD, considérant comme archaïque l’idée d’autoriser à tuer «sans limite» des animaux dans le contexte de l’urgence écologique et de l’effondrement de la biodiversité. Elles critiquent également la méthode d’établissement de la liste, basée sur de simples déclarations non vérifiées.
Face à cette situation, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) a annoncé son intention de saisir le Conseil d’Etat. De même, la Ligue pour la protection des oiseaux a déclaré qu’elle porterait un recours juridique pour faire tomber ce nouvel arrêté valable pour les trois prochaines années.
Plans futurs et moratoires de chasse
Le cabinet de la nouvelle secrétaire d’Etat à la biodiversité, Sarah El Haïry, a déclaré vouloir engager une réflexion pour rendre le cadre des ESOD plus lisible et efficace. Une mission de l’Inspection générale du ministère de la Transition écologique est prévue pour identifier comment font les autres pays et pouvoir comparer et alimenter la réflexion collective.
Par ailleurs, le gouvernement a récemment publié des arrêtés suspendant la chasse de trois espèces d’oiseaux jusqu’à fin juillet 2024 : le courlis cendré, la barge à queue noire et la tourterelle des bois. Ces espèces sont particulièrement menacées, d’où la décision de mettre en place ces moratoires. Cependant, pour certains, comme Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, ces mesures sont insuffisantes.