Alors que l’année 2023 connaît une montée impressionnante de phénomènes météorologiques extrêmes, le nord-est de la France est à nouveau sous le coup d’une alerte rouge. Cinq départements sont actuellement dans l’œil du cyclone, au sens propre comme au figuré. L’incertitude règne, car un orage, c’est beaucoup d’incertitude : intensité, durée, impacts… Les autorités sont sur le qui-vive et les habitants sont invités à la plus grande prudence. Nous faisons le point sur cette situation inquiétante qui s’ajoute à une série d’événements climatiques dévastateurs cette année.
Le nord-est de la France sur le pied de guerre face à des orages violents
Le nord-est de la France se prépare à affronter des orages violents ce mardi 11 juillet. Selon l’Observatoire français des tornades et des orages violents Keraunos, la possibilité de rafales de vent dépassant les 150 km/h est loin d’être négligeable. Le département de l’Allier a déjà été le théâtre de violentes chutes de grêle en fin d’après-midi. Face à cette situation extrême, qualifiée de « rare en France » par Keraunos, le niveau d’alerte maximal a été déclenché pour la première fois depuis 2014.
Météo-France, de son côté, a opté pour une approche plus globale en plaçant 21 départements du nord-est en vigilance orange. Cinq autres départements, la Haute-Saône, le Doubs, le Jura, le Territoire de Belfort et le Haut-Rhin, ont été placés en vigilance rouge, le degré d’alerte le plus élevé, incitant la population à rester chez elle ou à se mettre à l’abri sans délai dans un bâtiment. En 2022, une seule vigilance rouge aux orages avait été émise par l’organisation.
Le défi de la prévision des orages
Malgré des bulletins de prévision détaillés, Météo-France admet que « prévoir de manière localisée la survenue d’un orage, y compris le jour même » est très difficile. Cette difficulté est partagée par Davide Faranda, chercheur CNRS au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’Université Paris-Saclay et spécialiste des orages violents.
Faranda explique que le nombre d’éclairs, de tornades et l’intensité de la grêle sont des éléments qu’il est impossible de prévoir avec précision, car les modèles météorologiques ne sont pas à l’échelle des orages et de leurs aléas, très localisés. Ces modèles ont des points de repère tous les 5 km, ce qui fait que l’orage, qui peut se déclarer sur un kilomètre, peut passer inaperçu. Par conséquent, il est possible de déduire un risque électrique ou un risque d’éclairs, mais il est impossible d’obtenir un nombre exact.
Impact du changement climatique sur la fréquence et l’intensité des orages
Depuis 2020, des études montrent qu’aux États-Unis et en Europe, la fréquence et l’intensité des orages devraient augmenter à cause du réchauffement climatique. En effet, une atmosphère plus chaude entraîne une augmentation de l’évaporation, fournissant ainsi plus d’énergie pour déclencher des orages intenses. Les recherches de Faranda indiquent que les orages en France au cours des trente dernières années ont été plus intenses en termes de précipitations et de vents que lors de la période 1950-1980.
Face à cette situation, il est impératif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. En effet, s’adapter à des orages encore plus puissants est un défi majeur, en particulier dans les régions où les bassins-versants sont petits et où les rivières débordent rapidement, comme dans les Alpes, en Province ou dans les Pyrénées. De plus, les orages peuvent causer des dommages importants aux réseaux électriques et de transport, aux panneaux solaires (à cause de la grêle) et aux éoliennes (à cause des vents forts), impactant ainsi de nombreux aspects de nos vies.